Moment clé : du pliage à la sculpture monumentale
L’histoire artistique d’Olivier Bertrand commence très tôt. Enfant, il découvre l’origami et se passionne pour la manière dont une simple feuille peut devenir, en quelques plis, une figure, un animal, une présence. Cet émerveillement ne le quittera jamais. Après des études en sciences économiques puis un troisième cycle, il se tourne vers le webdesign, profession qu’il exerce pendant plus de quinze ans. Pourtant, une période de convalescence bouleverse cet équilibre et lui offre l’occasion de revenir à ses premières amours : créer, façonner, donner vie.
Ce retour n’est pas une répétition du passé, mais une mutation. Il ne plie plus le papier ; il détourne désormais le carton. Ce matériau, qu’il assemble, découpe, façonne morceau par morceau, devient pour lui un terrain d’expérimentation infini. L’artiste y retrouve le geste précis du pliage, mais il y ajoute une dimension sculpturale nouvelle. Les fragments se superposent, se chevauchent, s’emboîtent, jusqu’à former des créatures fantastiques, parfois animales, parfois humaines, toujours habitées d’une présence intense.
“Icare”, sculpture réalisée en carton et présentée comme une pièce unique, témoigne de cette évolution. Les lamelles de carton semblent prêtes à s’envoler, les plumes imaginaires se redéploient, et le corps tendu vers l’avant évoque un élan vital. Le mouvement, toujours central dans son travail, se traduit ici par une dynamique ascendante, comme si l’œuvre capturait le moment précédant l’envol. Le carton, fragile en apparence, devient étonnamment expressif et puissant dans les mains de Bertrand.
Cette transformation de la matière dialogue directement avec l’histoire personnelle de l’artiste. La fragilité qu’il manipule devient force, et chaque sculpture raconte cette tension entre l’équilibre et la rupture, entre le poids du matériau et le souffle qu’il semble porter. Ce passage décisif, du papier au carton puis aux formes monumentales, marque un tournant majeur dans son parcours.